Construire une nouvelle politique sociale, basée sur le mérite

Nicolas V.
le 31 janvier 2008
à 22:33
Rappel du sujet :

Article très intéressant, j’adhère complètement à l’idée de base qu’est la politique sociale basée sur le mérite. Cependant, voici quelques interrogations que je me pose.

Comme Jacques-André Haury le dit très bien, le programme de M. Sarkosy « exprime admirablement », cependant il ne fait que l’exprimer et la mise en place semble bien lente. Certes il faut lui laisser du temps, rien n’est rapide, mais ayant fait de ce credo un de ses chevaux de bataille, on est en droit de se poser des questions ...

Autre interrogation, c’est la mise en place de ce système « qui valorise à la fois les meilleurs enseignants et les élèves qui font le plus d’efforts ». Comment faire ? C’est super comme idée, mais concrètement, comment connaît-on les meilleurs enseignants ? C’est ceux qui mettent des meilleurs notes, qui sont le plus gentils ? Bien sûr, un enseignant peut clairement être considéré comme incompétent, par contre déceler les meilleurs et selon quels critères semble bien compliqué.

Jacques-André Haury semble faire une critique assez dure de la gauche qui apparaît comme « incapable » (mot clairement exagéré, mais on sent tout de même la propension à dire que la juste voie est la droite) , tout autant que l’extrême droite. Et qui excuserait à tout va les erreurs, pour valoriser l’être plutôt que l’oeuvre. Mais valoriser l’oeuvre serait en quelque sorte valoriser l’être, puisque l’oeuvre est fruit de l’être. Par la même logique que dévaloriser un être serait dévaloriser son oeuvre. (En espérant que j’aie bien compris le concept d’être et d’oeuvre.)

Alors comment faire ? Et surtout comment mettre tout cela en place ? Car les injustices, erreurs, inégalités existeront toujours et refondre une politique sociale totalement neuve serait extrêmement compliqué.

(J’ai volontairement omis mes « idéaux » politiques, je ne souhaite pas les afficher sur le web. J’ai essayé d’être critique.)

Construire une nouvelle politique sociale, basée sur le mérite

Réponse à Nicolas V.
Vous posez de bonnes questions. Comme pour un voyage, je définis l’endroit à atteindre, mais pas l’itinéraire. Et, en politique, on voit trop souvent des gens parler de l’itinéraire sans très bien savoir quelle est leur destination.
Cela dit, je peux apporter quelques débuts de réponses.
"Les meilleurs enseignants" : par définition, ce sont ceux qui conduisent un maximum de leurs élèves à atteindre les objectifs fixés à l’enseignement. Les épreuves de référence permettent, lorsqu’elles sont déclinées à l’échelle des classes ou des élèves, de se faire une idée. Bien sûr, les élèves ne sont pas tous égaux. Mais si la comparaison se fait successivement sur plusieurs volées, on est en droit d’en tirer des conclusions sur la qualité de l’enseignement reçu. Pour ce qui est des élèves, des concours ou des palmarès sont une façon de mettre en évidence les meilleurs. L’important est de diversifier au maximum les matières de façon à ce que ce ne soient pas seulement les élèves bons en maths. ou en français qui soient valorisés : mais aussi les performances sportives, ou les travaux manuels. L’essentiel est de remettre en cause le dogme selon lequel il faut supprimer toute occasion de comparaison des élèves entre eux.
Oeuvre ou être ? L’échelle de classification des fonctionnaires, qui fait l’objet d’un conflit social dans le canton de Vaud, est largement fondée sur l’"être" : le titre professionnel, les années d’expérience sont prises en compte. Dans la logique du mérite, on ne devrait prendre en compte que le poste à pourvoir et le travail à effectuer. Et faire varier le salaire en fonction de la qualité du travail fourni.
Bien sûr qu’il n’est pas possible de reconstruire complètement tout l’édifice de notre politique sociale. Mais celui-ci est mis à jour constamment. Mon souhait est que dans ces "mises à jour", la logique du mérite soit constamment privilégiée. Cela n’exclut pas et ne remet pas en cause systématiquement les démarches visant à protéger les plus faibles et à corriger les injustices les plus graves.

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